stages de création littéraire

atelier écriture

Les Grands Ateliers sont des espace-temps dédiés à la création littéraire.
des lieux de résidence et d’écriture.

un temps hors du temps.
un espace dépaysant. 
une  brèche horizontale et verticale.
une vacance.
une fenêtre. ouverte.


ces temps de « stages » (comme on disait avant de les nommes « les Grands Ateliers ») se déroulent sur cinq, six ou douze jours.

le lieu : un point d’ancrage.
parce que le lieu est porteur lui aussi (avec le climat) non d’un texte, mais d’une fréquence, d’une tonalité, d’une singularité sensible.

nous avons donc, pour écrire, des lieux de prédilection qui sont inscrits dans des paysages.
la montagne (Queyras), la Bretagne (Finistère) et la Haute Provence où nous vivons. 

en montagne l’été c’est un vieux chalet de bois isolé dans une pente d’alpage que bordent un mélézin et un ruisseau et que dominent des arêtes d’ocre pâle. 
en montagne l’hiver c’est un gîte confortable, la dernière maison avant que la petite route ne devienne un sentier de neige grimpant une haute vallée d’estive.

en bordure océane ou plutôt en mer d’Iroise aussi en Manche, nous changeons de lieu chaque année ou presque. les maisons qui nous accueillent sont situées soit littéralement en bord de mer soit légèrement en retrait, au plus à quinze minutes à pied des vagues des marées des oiseaux en passant par la lande.

en Bretagne intérieure parmi les fougères les bruyères les ajoncs les brumes et les vieilles ardoisières c’est dans une vieille maison de granit qui abrite l’atelier typographique des éditions isabelle sauvage que nous œuvrons lorsque nous nous essayons au livre d’artiste. 
l’accueil se fait en gîte à vingt minutes en voiture / on covoiture en passant par la route des crêtes parmi les landes et dominant le lac immobile comme une flaque de mercure.

en Haute Provence, c’est notre lieu de vie, une clairière à l’ubac d’une petite montagne où veille une très vieille bergerie qui fait maison. les ateliers eux se déroulent dans la grange côtoyant le foin des juments et du bélier et l’atelier des peintures.
l’accueil se fait en gîte à un quart d’heure à pied. 


par ailleurs nous aimons les voyages, encore des paysages. alors, quand c’est possible, on part en Islande dans les fjords du nord-ouest pour un voyage géopoétique avec nos carnets et nos duvets à la rencontre d’une autre terre d’une autre manière d’être à la rencontre d’un jour qui ne finit pas à la rencontre de milliers d’oiseaux dont on ne revient pas. 
on se dit que parfois on ira peut-être ailleurs encore. mais on ne sait pas. 


la table : un port d’attache.


la table, c’est là que devient visible et audible ce qui se passe dans le corps immobile et légèrement penché de qui écrit. 

pour que nous puissions toutes et tous, entrer dans cette écriture, nous mettre à l’écoute du dedans tout en restant ouvert sur le dehors, chacun.e a sa table /  qui, sauf par tempête abusive ou fracas de pluie ou soleil tonitruant, peut se déplacer où gré nous semble jusqu’à l’endroit que l’on sent propice.

on se retrouve autour de la table commune le temps des propositions d’écriture, le temps des lectures et des retours. souvent, c’est aussi là que l’on partage les repas. d’une table l’autre. de la table solitaire à la table commune. du silence et du partage. 

 

quelquefois la table est un carnet plein vent.

lorsque le Grand Atelier se fait nomade, qu’il déambule en paysage, qu’il marche ou qu’il contemple, que son objet est directement relié à l’espace, que là-même est le sujet, alors la première des tables est le carnet.
c’est une écriture du dehors, bribes et notes, phrases suspendues, fragments esquissés, squelettes d’un récit, images arrêtées, sensations immédiates, mémoires revenues, lieux déplacés, oublis des sables.

la table sera, en fin de journée, le lieu de la mise en forme, le lieu d’apparition du texte troué et disséminé dans les pages ou bien la table sera le lieu de l’écriture de l’autre texte qui d’un coup aura surgi d’entre les bribes ou en écho…  
si le temps est doux il arrive que la table soit dressée dans l’invisible et que nous mettions en forme nos textes allongés dans la dune ou accoudés à un rocher ou… 

 

la table (carnet compris) : l’œil du cyclone. 

aussi dire (c’est peut-être le moment de le préciser ?), qu’il n’y a pas de témoin à l’atelier et pas de posture de savoir ni de pouvoir – chacun.e, nous comprises, écrit. 

notre rôle est de proposer, par une succession d’ateliers de 2 ou 3 heures, un parcours, un cheminement qui permette à chacun.e d’aller où il veut, d’aller où il va, avec, en ossature, des pistes d’écriture solidement arrimées à ce que nous avons appelé il y a quelques années :

- des « textes-sources » / toutes les littératures ; récit, fiction, poésie, théâtre, journal, etc., y compris les littératures ne trouvant place dans aucun genre ainsi que nous le donne à lire une part de la littérature, de la poésie et du théâtre contemporains /
- et des « textes-racines »  / toutes les ré-flexions ; paroles, écrits d’artistes, de poètes, d’écrivains, de philosophes, de psychanalystes, d’historiens de l’art, de critiques littéraires, d’universitaires-chercheurs sur la question de l’écriture, etc.).

textes-sources et textes-racines sont les viatiques de l’atelier.


nous préparons les Grands Ateliers tout au long de l’année. 

ils nous indiquent / par les titres et les arguments que nous avons élaboré en amont, sans encore trop com-prendre ni ce qu’ils signifiaient dans les profondeurs ni vers où exactement ils nous entraînaient / nos axes de recherche, c’est-à-dire qu’ils infléchissent nos lectures, nos prises de notes, nos pensées, nos ricochets. 
ils nous intiment de convertir notre rêverie intuitive en un réseau formel donnant assise à une traversée, à une expérience d’écrire par l’établissement de balises, de chenaux, de chemins de halage, de ponts ou de cornes de brume.


je ne fais pas de différence entre mon vivre et mon écrire.

James Sacré