Une Voie singulière

atelier écriture

terres d’encre est née en février 1998 sur les flancs de la montagne de Lure.
elle a été co-créée par les deux formatrices qui l’animent – lui donnent souffle et corps –
Frédérique de Carvalho et Mireille Irvoas, toutes deux, lisant-écrivant. 

association de loi 1901, « à vocation culturelle », elle a pour objet, et donc pour sujet, «  de mettre en place les conditions favorables à la créativité par l’animation d’ateliers d’écriture ou de toute autre forme de rencontres et d’expressions. » (statuts, article 1er)

« mettre en place les conditions favorables à la créativité » n’est pas « apprendre à écrire » ni « faire écrire ». non. 
c’est mettre en place, fond et forme (le lieu physique de l’atelier comme son contenu formel) les conditions favorables (hospitalité, bienveillance, simplicité, profondeur exigeante) à la créativité (le passage à l’acte, la mise en forme visible et audible de l’invisible et du muet).

nous pouvons ajouter aujourd’hui à cet « objet », le passage de la créativité à la création, soit le passage du premier geste d’écrire (le fameux premier jet) à celui du travail de la langue (la réécriture jusqu’à ce que le texte - sonne - juste).

 

terres d’encre est née de l’amour, d’un rêve et d’un désir.

 

l’amour de la littérature, de la poésie, de l’art particulièrement du dessin et de la peinture.
l’amour des livres. l’objet livre. le sujet livre. la matière d’écriture. la langue.
l’amour de la pensée. de cette pensée qui ré-fléchit ce que l’on peut s’entendre, avec d’autres, à appeler le processus de création. 
l’amour de com-prendre // de prendre avec soi. et de passer cela. 
l’amour.

 

le rêve de partager cet amour d’une façon toute à la fois solitaire et communautaire.
le rêve de s’attabler avec d’autres et
chacun.e à sa propre table et
chacun.e de s’attabler à sa propre langue. 
le rêve de rencontrer l’autre dans la dimension intime du geste d’écrire. dans le muet du dire. et d’y être en entier. 
le rêve de voir dans le noir et d’écrire noir sur blanc. 

le rêve, plus personn /el/le/, / pour les formatrices /, était de relier leur vivre - dehors et leur vivre -dedans. et c’est tout autant avoir quitté la ville pour un retrait en paysage (leur vivre-dehors) que faire de cet amour de lire-écrire un lieu de recherche et de travail (leur vivre-dedans). 
une vie réunie. 

le désir de lire d’écrire de réfléchir de chercher de trouver de bifurquer de revenir sur ses pas de relire de noter de ricocher de piocher de rêver de créer de partager dans des espace-temps (stages-grands ateliers et formations) ce qui aura été mis à jour dans la quête solitaire parmi les arbres et les silences.
le désir de marcher sur le fil d’entrer dans la danse du récit de faire poème peut-être. 
le désir d’une « communauté de solitaires ». 

 

dire aussi que terres d’encre est le nom trouvé, celui qui a sauté aux yeux, lors d’un « brainstorming »  à deux, joyeux et en petite montagne. 

et dire que terres d’encre est forgée par une exigence éthique donc esthétique. 

l’éthique / l’esthétique / de l’atelier repose sur le fil tressé de l’intention et de l’attention.

 

Autour de lieux, autour de livres, une source de murmures, une nappe de songes, parfois une force entraînante.
Les possibles soudain sont éveillés, suggérés, la Promesse doucement se dresse.

*

Ce qui d’abord fait prendre la route – l’esprit de liberté.

Claude Dourguin

 

La recherche n’est pas la partie active d’un ensemble qui, de son côté, demeurerait plus ou moins au repos, elle est un état ou un mode qui entraîne dans sa direction et dans sa couleur la totalité du domaine où elle s’exerce, et qui concerne l’être entier de celui ou celle qui s’y adonne. On n’est pas en partie chercheur, on ne peut l’être qu’intégralement. On ne cherche pas un peu, de temps en temps, à temps perdu, on cherche absolument.

Jean-Christophe Bailly

 

Enfant, j’ignorais que les livres étaient écrits par des personnes. J’ignorais qu’ils étaient écrits. C’était de l’écriture, cela je l’avais sous les yeux, et j’aimais y aller, y demeurer. Et les livres, je les aimais tout entière chaque fois qu’il m’en arrivait un – ce n’était pas une maison avec des livres là où je vivais mais chaque individu-livre y entrant, à l’occasion, était accueilli à l’égal des choses qui permettaient de vivre comme la nourriture, le charbon, les vêtements, le buffet, le robinet, le poste de radio.

Christiane Veschambre