les anciennes lettres

atelier écriture

Novembre 2022

ce 16 novembre 2022,

(…)


dans la contrainte du jour
quelqu’un se tient face
nous nous regardons
restons figés
quelqu’un
s’en va sans
nous séparer


(…)


décomposer la détresse bâtir
une demeure

voix extraite

comme un éclat

entre l’air

je m’y allongeai pierres sèches
exempt de causes libre d’ouvrage


(…)

Tristan Mertens, lieu l’autre, isabelle sauvage 2022


novembre plein automne et premiers froids et nuits plus longues invitent aux choses du dedans comme lire écrire comme agrandir son espace intérieur comme rêver longtemps 
peut-être.

c’est aussi le temps propice pour nous d’entrer dans l’invention des grands ateliers de l’an prochain. toujours ce temps nous bouleverse puisqu’il nous indique la direction / oriente nos lectures et nos prises de notes / vers laquelle nous allons chercher de quoi nourrir nos intuitions et leur donner forme et fond en atelier. c’est le temps heureux et inquiet du passage de l’invisible au visible, de l’inaudible au lisible, du travail en solitaire au projet du partage avec une « communauté de solitaires » par et dans l’aventure de l’atelier. 

voici donc le premier grand atelier en hiver de l’an 2023 :

du dimanche 5 mars soir au samedi 11 mars matin (5 jours)

à Cervières dans les Hautes-Alpes, au pied du col d’Izoard, dans la dernière maison en haut du village juste avant la piste enneigée qui commence là… 


    Ce qui de nous écrit
    (un songe d’hiver)


L’écriture, comme le songe, est,
entre autres,
un médium singulier,
un moyen d’entrer en résonance avec des espaces intérieurs
sinon insus, non perçus peut-être.
Elle peut en rapporter, irriguée par la langue qu’elle contraint (qui la révèle)
un récit, une réalité nouvelle, un poème.

La cristallisation du flux du dehors (le givre sur la vitre),
l’extraction ou la distillation des images intérieures, de leurs noyaux,
leur apparition,
quand elles se croisent,
s’enrichissent, s’enchevêtrent,
trouvent leur narration dans la vie originale d’un texte,
dans ses lectures à venir.


Grand Atelier en pension complète / nourriture bio et végétarienne cuisinée par nos soins 
Coût : 590€ (supplément de 10€/nuit en chambre individuelle) / arrhes de 290€ à verser à l’inscription, non remboursables si annulation moins de huit semaines avant le déroulement
+ adhésion annuelle nécessaire : 20€
Groupe de 9 personnes maximum, gare la plus proche : Briançon (10kms) (nous venons vous chercher)

 

culmine une étendue blanche
l’instinct du lieu
y cherche
une inscription

le mot vient avant le sens

        Lleann

étant issu
de la futaie des arbres torves

ce qui était
l’innommé 

        Odile Fix


    / Lleann, pour lors & Odile Fix, ce qui était, éditions pauvre erre / )

 

pour les autres grands ateliers, si nous connaissons les dates les lieux et peut-être les intitulés, nous n’avons pas encore suffisamment cheminé pour pouvoir vous en proposer plus de substance…

voici donc la silhouette du programme de l’été et du début d’automne


-    du 16 juillet soir au 22 juillet matin / dans un chalet des Hautes-Alpes situé dans une haute vallée du briançonnais, à Freissinières / « de retour »

-    du 29 juillet soir au 5 août matin / sur le lieu des terres d’encre à Saint Vincent sur Jabron dans les Alpes de Haute Provence / « lichen »

-    du 9 septembre soir au 16 septembre matin / à Coat Malguen en Finistère dans les monts d’Arrée, dans l’atelier typographique des éditions isabelle sauvage et dans le paysage / « les mains du livre » (écriture, typographie, gravure et livre d’artiste) en co-création et en co-animation avec Sarah Clément et Isabelle Sauvage

-    du 24 septembre à 14h au 30 septembre matin / dans l’île d’Ouessant en Finistère nord, dans une maison du bourg proche du sentier côtier / « d’une terre émergée »


courant décembre, nous vous enverrons le programme dit « complet »… 

nous sommes toujours à l’écoute de groupes déjà constitués (4 à 10) qui souhaiteraient entrer en atelier sur un projet qui leur tient à cœur ou sur… quelque chose d’autre. en ce cas, nous vous ferons une proposition quant à nos possibles. 


(…)
laissant approcher ce qui s’ouvre devant soi – à perte de
vue landes rases, empilements de consonnes ;
(…)

        Mary-Laure Zoss, seul en son bois, dressé noir, fario

 

le 8 novembre dernier disparaissait Jean-Gilles Badaire, l’ami peintre et écrivain des terres d’encre et des Petits Toits du Monde.

un livre « memento en vert et bleu », dont JGB est le co-auteur avec Yannick Mescoyrol aux éditions Le temps qu’il fait, parait ces jours-ci,
en voici un extrait (emprunté au site des éditions) :

Tu inventes l’impossible : des autoportraits distanciés. Tu peins ton portrait à 65 ans de distance, à partir de photos qui sont comme des reliquaires dérisoires d’une mémoire parcellaire qui n’a jamais existé que par le truchement de l’image. Qui est celui dont tu fais ici le portrait ? seuls les témoignages des autres certifient sa présence : ils t’ont reconnu, et affirmé cette filiation qui construit, sur cet unique fondement, ta propre reconnaissance, le fait que tu puisses te reconnaître, là, sur cette plage. L’image est un savoir médiatisé, et seule cette médiation fragile, cette attestation « a posteriori » permet de dire : c’est moi. L’autre donne quitus, sur sa seule foi, à l’existence de soi enfant, tel qu’il apparaît sur la photo déjà ancienne, un peu écornée, virant au sépia de l’archive. Alors peindre, ce serait ici construire sa propre image, effacer l’identité précaire édictée par autrui en vertu d’une photo indécise. C’est substituer son image à celle de la photo, écarter l’impression photographique pour confier son identité au tableau que l’on compose, c’est reprendre la main sur soi. Et peut-être ce déplacement signifie-t-il, dans sa netteté, que tout autoportrait consisterait à peindre soi-même et l’autre, qu’il serait une peinture de l’entre-deux, l’endroit exact où j’apparais en me frottant à l’altérité. en peignant cet « autoportrait de l’artiste en enfant », tu attestes que tout autoportrait est un risque insensé et magnifique, parce qu’il désigne un interstice, et éclaire l’endroit obscur où je suis sans être moi.

Jean-Gilles Badaire


 autoportrait enfant


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