les anciennes lettres
Avril 2021
en ce mois d’avril 2021,
longtemps que nous n’avons fait signe vers vous. c’est que « le temps » connait des suspens, des arrêts sur images, des bifurcations imprévisibles, des nœuds,
- le temps « nous » fabrique des contretemps.
reprenons,
(…)
ce vers quoi je suis tourné
ce vers quoi le poème se tourne
à la main qui passe
est torsion lente
et suave d’où
que son mouvement
te pénètre
de choses
s’ouvrant lentement
Emmanuel Laugier, Chant tacite, Nous, 2020
aussi,
sans langue
commune, comment
cerner le cœur
Cédric Demangeot, Promenade et guerre, Flammarion poésie, 2021
aussi,
à chaque personne il y a un monde.
Anne Carson, autobiographie du rouge, L’Arche, 2020
encore,
Seule une phrase peut maintenir le battement de la chose. L’élan de la profération entraîne dans sa courbe les mots avec leur référence ; ils ne se contentent plus de renvoyer aux choses, ils s’entr’appellent.
Pierre Alferi, chercher une phrase, Christian Bourgois éditeur, Cll titres, 2007
reprenons, si vous en avez le désir, notre chemin d’écrire et de lire parmi le vivre.
voici la présentation des expériences d’écriture que nous nous proposons de partager avec vous cette année.
n’étant pas satisfaites du mot « stage » pour tenter d’approcher « ce qui se passe » dans l’espace-temps de l’écriture en atelier et en résidence (5 ou 6 jours), nous nous essayons à le nommer :
le grand atelier.
il s’agit chaque fois pour chacun.e, (nous – même (s) comprise), d’écrire un seul texte, en une semaine . les ateliers se succédant dans le grand atelier permettent d’avancer dans le texte à venir (premiers jets et réécritures) même si, le dernier jour, tout sera remis au chantier d’écrire avant d’être donné à lire dans son entier. fond et forme étant des inséparables.
chaque grand atelier se situe dans un site singulier. plutôt grandeur nature.
parce que le dehors est aussi dans dedans. il situe l’écriture même à l’insu.
en juillet c’est dans un chalet isolé dans une pente d’alpage du Queyras (à 2km du village). les tables d’écrire occupent les chambres, les salons, les balcons, l’alpage, au gré du vent de chacun.e., à deux pas du ruisseau et du mélézin et sous les aiguillettes de calcaire ocre.
en août c’est dans une ancienne bergerie et dans une grange des Alpes de Haute-Provence sises sur un petit plateau dominant la vallée, en lisière de landes et de forêts. les tables d’écrire sont dans la grange entre le foin et « le salon de la grange » , à l’ombre ou en plein soleil pour qui veut-peut ou, à l’abri des arbres. les tables sont partout d’où écrire.
en septembre le camp de base est à 1, 5 km des rochers fabuleux (blocs de granit apportés ici par de très vieux glaciers il y a très longtemps) de la côte des légendes en Finistère nord. nous y déambulerons, carnet à la main, puisqu’il s’agit là, d’ « une écriture en marche » et nous mettrons les textes du jour en (première) forme en fin de journée, dedans ou dehors selon les climats.
/ aussi /
en septembre toujours c’est dans les landes les chaos et les forêts des monts d’Arrée en Finistère nord / où nous marcherons et écrirons / et , en bordure du paysage, dans l’atelier typographique des éditions isabelle sauvage, vieille maison de granit parmi les hortensias et les fougères. c’est là que nous composerons et imprimerons nos petits « livres d’artiste ».
ce grand atelier a été co-créé et est co-animé par Isabelle Sauvage, Sarah Clément et terres d’encre. (depuis 5 ans maintenant) - (on aime dire : dans la joie de faire).
ma prairie de rien mon boulingrin de neige mon champ de vision à perte de vue où d’abîmes surviendrons du sable de l’eau de la terre au printemps si attendu que rapide ainsi qu’un torrent de montagne vers l’été de plus en plus assommant de soleil qui d’ailleurs avalé peu à peu tout à fait s’en ira de mon bien me rendra ma prairie de neige et de lointain
Christian Dotremont, (logogramme 1975), 68°37’ latitude nord, Didier Devillez éditeur, 2008
juillet :
une écriture de traverse
En haut, les qui veille la nuit
voyageurs
demeurent cette corolle
inaudibles. une lampe pâle
Paul Celan Odile Fix
Traverser – être traversés
réciproquement
ce qu’il en advient et ce qu’il en demeure par le mouvement sensible, en clair-obscur,
de l’écriture
attentif à la rencontre, un cheminement singulier à travers la forêt des possibles.
vers le Réel.
/ du dimanche18 juillet soir au samedi 24 juillet matin / Arvieux (05) /
pension complète (5 jours) : 590€ (supplément de 10€ par nuit pour une chambre seule)
repas bios-locaux végétariens cuisinés par nos soins.
adhésion annuelle nécessaire : 20€
arrhes : 30% du coût à l’inscription (remises en cas d’annulation si plus de six semaines avant)
groupe de 9 personnes maximum.
août :
prose - poème quel récit
du muet où nous sommes une voix peu à peu se lève et prend forme.
que dit-elle.
ce n’est pas une question c’est une quête.
la quête du « lieu et de la formule » (Arthur Rimbaud).
quelque chose se narre est-ce prose ou poème ou autrement.
le récit apparaît dans la forme où la voix l’a portée.
« La prose, on le sait, n’est pas un genre. Même si traditionnellement elle a été opposée à la poésie, ce qu’elle désigne ou distingue n’est pas de l’ordre du genre. »
Jean – Christophe Bailly
/ du samedi 31 juillet soir au vendredi 6 août matin / Saint Vincent sur Jabron (04) /
pension complète (5 jours) : 640€ (prix adapté en fonction du coût du gîte…avec piscine)
repas bios-locaux végétariens cuisinés par nos soins.
adhésion annuelle nécessaire : 20€
arrhes : 30% du coût à l’inscription (remises en cas d’annulation si plus de six semaines avant)
groupe de 9 personnes maximum.
septembre :
les mains du livre
les lieux respirent.
le premier lieu est celui du carnet du dehors : landes, forêts, roches, secrets, fougères et bruyères, brumes, lumières, lac, tourbières, chemins creux,
tout entre dans le texte de ce qui se passe entre le lieu et nous. au risque de l’écart. le lieu demeure la première matière. et le climat. nous écrirons dedans. même si dehors.
l’autre lieu est l’atelier. c’est une sorte de cabinet d’alchimiste. le plomb de chaque lettre appelé à devenir l’or du texte.
tout le travail est d’abord d’écrire (à partir du carnet du dehors) le texte en ayant dans la main et les yeux l’horizon du format. l’écriture est soumise aux lois de l’espace du livre.
puis vient la composition, lettre à lettre, ligne à ligne, page à page.
vient ensuite le temps de l’impression sur la grande presse des éditions (dénommée Plombinette).
dans les intervalles du temps, s’essayer, chercher, trouver le geste plastique qui accompagnera le livre : à disposition une presse à épreuves et une presse taille douce, l’encre, le bois, le lino, le verre, le plexi, les gouges, … . chacun peut apporter en plus son propre matériel, peintures et crayons !
lorsque tout est en place, on veut dire imprimé, texte et « images » ; c’est la dernière étape.
imprimer la couverture et le colophon.
plier le livre.
lire. regarder. partager.
puis, partir avec ses 5 exemplaires.
(2 exemplaires, en sus, restent dans les mains des éditions isabelle sauvage et de terres d’encre)
/ du samedi 4 septembre soir au samedi 11 septembre matin / Plounéour - Ménez (29)
pension complète (6 jours) : 700€ (matériel compris)
repas bios-locaux végétariens que l’on prépare ensemble.
adhésion annuelle à l’association Poésie & Pas de côté, Edts isabelle sauvage : à partir de 5€ (voir sur le site des éditions les différents types d’adhésion… et les cadeaux-retour !)
arrhes au nom de l’association Poésie & Pas de côté : 30% du coût à l’inscription (remises en cas d’annulation si plus de six semaines avant)
groupe de 8 personnes maximum.
septembre (encore) :
l’esprit du lieu
latitude 48°38’ nord, longitude 4°22’ ouest
du sable des dunes des roches des oyats du vent des vagues des ligthhouses
des embruns des marées des algues et des oiseaux.
tout ici fait signe qui charge la mémoire et la
transporte
ou bien qui la devance.
pas à pas fragment par fragment nous détacherons
des petits bouts du réel de l’expérience du lieu.
singulière et plurielle.
nous ferons empreinte de quoi nous imprègne.
à l’horizon ciel et mer se touchent dans une ligne abstraite que l’on peut voir.
nous écrirons d’ici, de ce littoral mouvant où l’on s’attable.
/ du samedi 18 septembre soir au samedi 25 septembre matin / Kerlouan (29)
ateliers et hébergement (6 jours) : 530€
dîners du soir bios-locaux végétariens : cuisine tous ensemble, partage du coût du repas à frais réels.
pique-nique des midis : chacun.e est autonome (courses et préparatifs).
petits - déjeuners : la caisse commune (partage du coût entre tous) assurera la base.
adhésion annuelle nécessaire : 20€
arrhes : 30% du coût à l’inscription (remises en cas d’annulation si plus de six semaines avant)
groupe de 8 personnes maximum.
________
voilà -
Nota Bene : il n’y aura pas de voyage géopoétique en Islande cette année, nous ne pouvons risquer de nouveaux contretemps…
nous espérons des soleils de minuit pour juin 2022… et des mousses épaisses dans le champ des laves.
Nota Bene : si par « malheur” nous étions dans l’obligation d’annuler un grand atelier bien sûr nous vous renverrons vos arrhes. ou les brûlerons. selon vos préférences.
« quelque chose » d’importance : vous le savez sans doute, Jean-Pierre Sintive est décédé cette année au début mars. il fut durant 15 ans un grand ami des « Petits Toits du Monde ».
nous voulons ici-même le saluer.
pour rappel / les stages de terres d’encre sont conçus et animés soit par Mireille Irvoas, soit par Frédérique de Carvalho, les 2 co-créatrices de l’association (en 1998) ; toutes deux formatrices en atelier d’écriture et toutes deux lisant-écrivant.
pour vous inscrire ou vous renseigner plus amplement /
vous pouvez nous écrire :
terres d’encre, hameau de Fremezon, 04200 Saint Vincent sur Jabron
latelier@terresdencre.com
ou nous laisser un message vocal au 04 92 62 08 07
Écrire pour encaisser, colmater, répondre
pour découvrir la force de la parade
les conséquences du silence.
Nicolas Pesquès, la face nord de Juliau, dix-sept, dix-huit, Flammarion poésie 2020
j’attends la fin, dit-il, du
monde
pour y voir
plus clair.
la fin – pour voir.
Cédric Demangeot, un enfer, Flammarion poésie 2021
Cédric Demangeot est décédé cette année / aussi / au début de mars.
nous le saluons ici .
1779
Pour faire une prairie il ne faut qu’un trèfle et juste une abeille
Juste un trèfle, et une abeille,
Et la rêverie.
La rêverie sinon seule suffira,
Abeilles ou pas.
Valérie Rouzeau, Ephéméride, La Table Ronde poésie 2020
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