les anciennes lettres
Juillet 2023
ce 3 juillet 23,
(…) Pour calmer la dérisoire agitation de ma vie, pour asseoir mon rêve – mais un rêve peut-il revendiquer la moindre stabilité ou assise ? -, j’imaginais un retrait, un exil, dans l’îlot désert et sauvage que j’avais découvert, au gré de ma flânerie, au milieu de mon esprit. Je m’asseyais alors sur le sable, je veux dire à ma table et, pensif, rêveur, tenant ma plume dans un équilibre instable, j’imaginais le récit, l’épopée, la thèse, le poème ou le je-ne-sais-quoi de ma propre vie, aussitôt fleurie, étoffée et dramatisée par l’auguste geste d’écrire. Idéalement, le tour était joué, il ne me restait plus qu’à me mettre au travail, à enchaîner les mots, à mêler leur sens et leur musique, à aligner les phrases, les chapitres, à noircir et organiser les pages…
(…) Semblable mise à disposition des mots et de leurs jeux ou mécaniques, n’était pas, ou pas seulement, le signe d’une libération, d’une ouverture de tous les possibles rendus accessibles par la magie, ou la technique, peut-être même – soyons fou – la maîtrise du style et du rythme qui virevoltent. Et d’ailleurs, le langage est-il réductible à ce qu’il veut ou voudrait dire et expliquer, mesurable à cette seule aune ? Un doute planait, plane encore, épaississant l’ombre au-dessus de ma tête. Une tête dure comme une coquille d’œuf dans laquelle ce doute maladif, encouragé par je ne sais quelle puissance maligne, s’introduit, engourdissant jusqu’à mes doigts. Quels mots, dès lors, pour dire cela que personne, je le crains, ne pourra entendre ?
Patrick Kéchichian, L’écrivain, comme personne, éditions Claire Paulhan
le 3 juillet verra en son ciel la pleine lune dite « la lune du cerf » puisque voici le temps pour les cerfs de faire pousser leurs bois ; merrain et andouillers, voici l’été.
avec l’été vient le temps des Grands Ateliers en résidence de cinq ou six jours, ici, ou, - là.
d’abord en montagne puis en Haute-Provence, d’abord mi- juillet puis à cheval entre juillet et août.
Ces deux Grands Ateliers sont complets avec, (peut-être) (?), une place encore pour
des voix / par / dessous, l’atelier « à cheval » …
septembre sera breton et même finistérien.
tout d’abord, du 9 au 16 septembre, les mains du livre,
dont voici l’argument :
au grand dehors : landes forêts chaos de roches pluie vent lumières brumes lacs tourbières ajoncs bruyères imaginaire rebonds ricoches mémoire comme oubli – pli.
dans le grand dehors le carnet. l’écriture-souche du texte à venir.
dedans à la table : reprise et déprise du carnet. entendre l’image voir le son que ça fait. sentir ce qui s’écrit. La langue fait lampe. connaître et reconnaître ce qui advient.
avec la contrainte – donc le levier – du format du livre à venir.
au grand dedans la main typographe : le texte se compose lettre à lettre plomb à plomb. on écrit à l’envers la presse met à l’endroit. on dépose ligne à ligne une parole descellée du passage. on côtoie le temps où chaque mot pèse son poids et son ciel.
au grand dedans on fabrique un livre d’artiste et prétention aucune. on grave – lino plexiglas bois etcétéra - presse à épreuves et presse taille douce. on accompagne le texte. on dialogue. on cherche le geste le trait la forme qui. on peut aussi tout aussi bien la peinture le dessin ou ce qui d’autre vient dans la main.
on chemine vers.
un objet. quelques pages qui tiennent. un titre un colophon comme ouvrir et fermer un livre.
on a tout fait de marcher d’écrire de réécrire de graver d’imprimer de plier.
et cette joie de faire : poesis !
ce sera à Coat Malguen, hameau de Plounéour Ménez, dans l’atelier typo des éditions isabelle sauvage et dans les landes les forêts et les roches des monts d’Arrée en Finistère Nord
ce Grand Atelier, pour la septième fois et toujours singulier, est en co-création et en co-animation avec Sarah Clément et Isabelle Sauvage.
il reste trois places.
Grand Atelier en pension complète et matériel compris : 750€
lieux de l’écriture et de la réécriture : dehors en monts d’Arrée et dedans dans l’atelier typo.
lieux du livre à venir dans nos mains : l’atelier typo et la grande table de la cuisine.
hébergement dans un gîte, ancienne école rurale et un grand marronnier.
les repas / bios-locaux végétariens / sont à cuisiner ensemble.
groupe de 10 personnes maximum.
gare la plus proche : Morlaix
vous pouvez aussi vous renseigner auprès d’Isabelle et Sarah :
editions.isabelle.sauvage@orange.fr
et si nous pouvons répondre à quelques questions ou donner quelques éclaircissements, nous le ferons avec plaisir !
juste après l’équinoxe d’automne dans la dernière semaine de septembre, ce sera Ouessant pour un Grand Atelier d’écriture et de présence au paysage nommé d’une terre émergée.
Ce Grand Atelier est complet.
(…)
laissant approcher ce qui s’ouvre devant soi – à perte de
vue landes rases, empilements de consonnes ;
aujourd’hui s’enhardir, à travers les bardanes, les
sphaignes, effleurant les brassées de digitales ou
d’épilobes, s’enhardir et y aller malgré soi, jusqu’à cette
phrase dressant sa retenue opaque – vers le front des
sapinières, sous la roide ordonnance se mêler au repos des
aiguilles et des mousses, aux ramifications souterraines
- et plus que tout, s’employer à laisser la voie libre
(…)
Mary-Laure Zoss, seul en son bois, dressé noir, Fario
accompagné d’œuvres de Farhad Ostovani
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